le château de chillon

Erigé sur des blocs déposés durant la dernière période glaciaire, le château de Chillon compte parmi les sites les plus populaires et les plus célèbres de Suisse.
Les fouilles menées par Albert Naef vers 1900 attestent que le site fut occupé dès l’âge du bronze et durant l’époque romaine. L’édification d’une première tour fut vraisemblablement réalisée à l’époque du royaume de Haute-Bourgogne au Xe siècle. Son emplacement était idéal, car il permettait de contrôler et d’appliquer un droit de péage sur toutes les marchandises reliant l’Italie à l’Europe du Nord. Il offrait aussi un point de vue idéal pour le contrôle des rivages de sa mère patrie, la Savoie.

Au cours du XIIIe siècle, la forteresse fut l’objet d’agrandissements et de transformations. Le dispositif défensif est revu et amélioré. C’est à Pierre II de Savoie et à son maître d’œuvre Pierre Mainier que l’on doit l’aspect actuel du château. À l’intérieur, de riches peintures murales, sculptures et cheminées viennent aménager un style d’habitation au luxe de la maison savoyarde.

Au XVe siècle, les châteaux du Nord Vaudois cèdent devant la poussée des Confédérés. Tour à tour, les châteaux d’Orbe d’Echallens et Grandson tombent aux mains des Bernois alliés aux Fribourgeois. Au sud, le château d’Aigle est déjà occupé. Devant la menace, le duché de Savoie prend le large par le lac et débarque sur les côtes de Haute-Savoie. Le château, délaissé jusque-là, tombe aux mains des Bernois et des Genevois le 29 mars 1536. Dans les souterrains du château, plusieurs prisonniers sont délivrés. Parmi eux le célèbre François Bonivard, détenu depuis 6 ans.

Le château gardera ses attributs de forteresse et quelques bâtiments sont mis à jour. Les intérieurs sont aménagés selon les goûts des nouveaux occupants. Une grande fresque aux couleurs de Berne est peinte sur la façade sud du château. L’œuvre est toujours visible actuellement.
Progressivement, Berne se désintéresse de son château. Le 24 janvier 1798, le Pays de Vaud déclare son indépendance. Et cinq ans plus tard, le 19 février 1803, le château est attribué aux Vaudois par l’acte de médiation signé de la main même de Napoléon Bonaparte.
Le château, le lac Léman et les Dents-du-Midi constituent une triade au charme mystérieux. Jean-Jacques Rousseau, Victor Hugo, Alexandre Dumas, Gustave Courbet ou encore lord Byron voient dans ce paysage les composants à la création des plus belles œuvres de la période romantique du XIXe siècle. Dans son poème, le prisonnier de Chillon, rédigé en 1816, lord Byron écrit:

[…] Je fis dans le mur une échelle, un marchepied, non pour m’aider de ma prison à m’évader, car sous une forme mortelle, tout ce que j’avais chéri pour moi s’était évanoui et reposait sous cette terre […] Je veux monter aux seuls barreaux de ma fenêtre, encore une fois reporter avec amour, de mon abîme mes yeux vers les monts et leur cime. Je vis ces monts tels qu’autrefois, qui n’ont pas changé comme moi, sans être altérés dans leur forme. Je vis de neiges, de frimas, vingt siècles sur leur masse énorme, leur long et large lac en bas ; du Rhône bleu l’onde écumeuse s’y jeter pleine et furieuse.

Le château du Châtelard